Morgane Lopez1, Laurie Spehner1, Mélanie Ramseyer1, Myriam Ben Khelil1, Élodie Renaude1, Noémie Gassian2, Guillaume Meynard2, Erion Dobi2, Zohair Selmani2, Romain Loyon1, Laura Mansi2, Christophe Borg2
1. INSERM, EFS BFC, UMR1098, RIGHT Interactions Greffon-Hôte-Tumeur/Ingénierie Cellulaire et Génique, Université de Bourgogne Franche-Comté, Besançon, France
2. Oncologie, CHU Minjoz Besançon, Besançon, France
CONTEXTE ET OBJECTIFS
Le cancer du sein est la première cause de mortalité liée au cancer chez la femme dans le monde. Le sous-type de cancer du sein le plus répandu (80 %) est le cancer du sein exprimant les récepteurs hormonaux (RH+). Il se caractérise notamment, par l’expression des récepteurs aux œstrogènes dont le récepteur alpha codé par le gène ESR1. En situation métastatique, l’hormonothérapie est un pilier thérapeutique. L’acquisition de mutations durant le traitement est un des méca- nismes de résistance à l’hormonothérapie. Dans 20 % des cancers du sein métastatiques RH+, cette résistance est liée à la mutation ESR1. Ces mutations sont regroupées en « hotspot » au niveau du domaine de liaison au ligand. Quatre mutations fréquentes ont été identifiées : D538G, Y537C, Y537N et Y537S, induisant une prolifération cellulaire élevée. L’objectif de ces travaux est d’identifier si les mutations liées à ESR1 génèrent des néo-antigènes chez des patientes atteintes de cancer du sein métastatiques exprimant les récepteurs hormonaux.
MATÉRIELS ET MÉTHODES
À l’aide d’un logiciel de prédiction (IEDB), nous avons identifié 34 peptides ESR1 potentiellement immunogènes. Afin de valider l’immunogénicité de ces peptides, des essais de vaccination ont été réalisé chez des souris humanisées (HLA-A2/DR1). Ce protocole consistait à injecter au niveau du genou 100μg de chaque peptide associé à 50μg de CpG, un adjuvant, et 50μg de CpG seul comme témoin. Trois rappels avec 50 μg de chaque peptide et 30 μg de CpG ont ensuite été réalisés à J7, J14 et J21. Les souris ont été sacrifiées deux jours après le dernier rappel de vaccin. La rate, les ganglions lymphatiques inguinaux et poplités ont été isolés et des tests d’immunogénicité ont été réalisés sans stimulation préalable par ELISpot IFNγ. L’immunogénicité des peptides ESR1 dans le sang périphérique de 36 donneurs sains (DS) et de 25 patientes atteintes de cancer du sein métastatique a ensuite été analysée par ELISpot IFNγ. Enfin, des essais de clonage ont été menés afin de générer des lymphocytes T CD8 spécifiques des peptides dérivés d’ESR1.
RÉSULTATS ET CONCLUSION
Les premières données ont validé l’immunogénicité des peptides ESR1 dans notre modèle de souris humanisées HLA-A2/DR1 ainsi que chez des patientes atteintes de cancer du sein métastatique et des donneurs sains. Il a été observé que 10 patientes sur 25 présentaient des réponses immu- nitaires spécifiques à ESR1. Ces données ont permis de sélectionner les peptides induisant des réponses T-spécifiques chez des patientes et n’induisant pas ou faiblement de réponses chez les donneurs sains. Ainsi, des peptides candidats pour des essais de clonage ont été sélectionnés. Deux clones de lymphocytes T CD8+ spécifiques à ESR1 ont été obtenu, un spécifique d’un peptide non muté et un spécifique d’un peptide muté (D538G) d’ESR1.
En perspective de ces premiers résultats, la cytotoxicité des clones spécifiques des peptides d’ESR1 sera prochainement évaluée ainsi que la présentation naturelle de ces peptides.
Mots clefs : lymphocytes T CD8, cancer du sein, ESR1, immunothérapie, hormono-résistance.