Cancer du sein et thérapie orale : La place de la télésurveillance

Rédigé le 16/01/2024
Jean David FUMET


Augmentation de nombre de patientes traitées par thérapie orale dans le cancer du sein

Le nombre de patientes traitées par thérapie orale pour un cancer du sein ne cesse d’augmenter. En effet, suite aux données de l’étude MonarchE (1), l’abémaciclib, un inhibiteur de CDK4/6, a obtenu son remboursement en situation adjuvante pour les cancers du sein RH+/HER2- à haut risque de rechute. Cette nouvelle indication augmente considérablement le nombre de patientes concernées par cette thérapie. De ce fait, les équipes médicales et paramédicales doivent s’organiser pour revoir le parcours patient et assurer une prise en charge adaptée de ces patientes.


La télésurveillance : un outil d’accompagnement 2.0

Parmi les solutions d’optimisation du parcours de soin et de prise en charge des patients traités par thérapie orale, la télésurveillance apparait comme un outil intéressant.

La télésurveillance permet à un professionnel médical, dit « opérateur » d’interpréter des données de santé à distance pour le suivi médical d’un patient, voire d’adapter sa prise en charge. Le professionnel médical peut être accompagné par d’autres professionnels de santé.

Pour interpréter ces données, l’opérateur de télésurveillance a recours à un équipement ou logiciel dit « dispositif médical numérique ». Ce dispositif médical numérique est mis à disposition du patient par un fournisseur de télésurveillance, dit « exploitant ».

L’ESMO a publié (2) ses recommandations sur le rôle des mesures rapportées par les patients (PROMs) tout au long de la prise en charge clinique de leur cancer. Pour la première fois, ces recommandations se penchent sur la place de la télésurveillance et définissent les critères auxquels doivent répondre les logiciels employés à cet effet

Ce groupe de travail a élaboré ces recommandations à partir de 8 études randomisées dont les résultats avaient été présentés au fil de ces dernières années, montrant un impact positif de la télésurveillance en oncologie en termes d’amélioration de la survie globale, de la qualité de vie, de l’observance des traitements ainsi que de réduction des symptômes, des arrêts de traitements liés aux effets secondaires et des hospitalisations en urgence.

En France, la télésurveillance a d’abord été conçue et déployée dans un cadre expérimental au titre des expérimentations de la télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé (dispositif « Etapes »). Elle est rémunérée en droit commun depuis le 1er juillet 2023.


Dispositif médical numérique : L’exemple de Cureety

Fondée en France en 2018, Cureety (3) est le spécialiste européen de la télésurveillance des patients atteints de cancer.Il s’agit de la première plateforme de télésurveillance en cancérologie remboursée

Elle est actuellement utilisée dans plus de 80 établissements partenaires et développe des collaborations pour des travaux de recherche, notamment avec Unicancer.

Grâce à cette application, le patient devient acteur de sa propre prise en charge. Au moyen de questionnaires adaptés à son traitement, le patient bénéficie :

- D’un suivi à distance par les équipes soignantes personnalisé. Les réponses du patient à son questionnaire sont analysées par l’algorithme de classification clinique de Cureety – à la performance démontrée scientifiquement - et génèrent des alertes pour les équipes soignantes en cas de dégradation de l’état de santé du patient.

- De la possibilité d’envoyer des photos. Certains traitements pouvant affecter la peau ou les ongles, le soignant peut évaluer l’état cutané du patient et lui éviter un déplacement ou une consultation inutile.

- D’un espace sécurisé pour lui permettre de stocker ses documents médicaux et de les partager.

- De conseils sur-mesure pour apprendre à gérer les effets secondaires secondaires.

- Des contenus (vidéos) et l’accès à des soins de support, comme la sophrologie par exemple, afin de lui permettre d’améliorer sa vie au quotidien.

Dotée d’une interface simple d’utilisation, elle est conçue pour s’intégrer dans le quotidien de tout établissement de soins quelle que soit sa taille ou son organisation. Pour les équipes soignantes, la plateforme permet une meilleure coordination des professionnels de santé dans le suivi des patients.

Elle permet également de prioriser les prises en charge vers les patients les plus fragiles. Cela implique pour l’établissement de repenser son accompagnement infirmier auprès des patients et de pouvoir redistribuer les compétences de manière adaptée aux besoins des patients à chaque étape de son parcours.



En pratique : La télésurveillance est entrée dans le droit commun et donc dans nos pratiques médicales. La littérature et les sociétés savantes confirment le bénéfice pour le patient. Les principales données concernent la maladie avancée mais des données a des stades précoces vont bientôt être disponible. C’est un virage ambulatoire décisif dans la surveillance à distance des patients atteints de cancer.


Avec le soutien institutionnel de


Références

(1) Johnston SRD, Toi M, O'Shaughnessy J, et al. Abemaciclib plus endocrine therapy for hormone receptor-positive, HER2-negative, node-positive, high-risk early breast cancer (monarchE): results from a preplanned interim analysis of a randomised, open-label, phase 3 trial. Lancet Oncol. 2023;24(1):77-90. doi:10.1016/S1470-2045(22)00694-5

(2) Di Maio M, Basch E, Denis F, et al. The role of patient-reported outcome measures in the continuum of cancer clinical care: ESMO Clinical Practice Guideline. Ann Oncol. 2022;33(9):878-892. doi:10.1016/j.annonc.2022.04.007

(3) www.cureety.com


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